Les pinceaux de l’artiste Noon ont donné le premier coup d’envoi du projet « Peyre Plantade district ».

En ces premières journées d’octobre, les murs du bâtiment du MPEA de Peyre Plantade se revêtent petit à petit de couleurs chaleureuses. Au fur et à mesure du chantier, les pinceaux de l’artiste NOON transforment la grise façade en une fresque lumineuse ornée de végétaux.

NOON est artiste, graphiste et illustratrice issue des Beaux-arts de Montpellier. Il y a une dizaine d’années, elle décide de sortir de l’atelier pour explorer l’univers urbain : « En me délocalisant dans la rue, j’ai eu une révélation : il y a une forme de liberté dans l’art urbain, on y traite plutôt la forme que le fond et c’est ce dont j’avais besoin. Ce que j’apprécie dans la rue, c’est également le changement d’échelle, on est plus libre, on peut s’affranchir d’un cadre. »

Si l’artiste fait des aller-retours entre la rue et son atelier, elle développe également son activité artistique dans un certain nombre de lieux publics ; ainsi, de nombreux projets l’ont conduite dans le milieu hospitalier. Au CHU de Montpellier, elle est par exemple l’auteure de plusieurs projets. Dans le pôle psychiatrie adulte, elle a réalisé une fresque ; à Saint-Eloi, dans le service hépato-gastro-entérologie c’est elle qui a peint les murs et les plafonds, permettant « aux personnes qui partent au bloc opératoire de déconnecter un peu ». Elle a aussi produit une œuvre pour l’hôpital de Perpignan. Mettre son art au service du milieu hospitalier a un véritable sens pour NOON : « Quand je travaille dans le milieu médical, je me sens quelque part un peu utile. Avec les murs que je peins je cherche à ce que les personnes s’évadent un peu ; qu’elles puissent se raconter plein d’histoires et s’évader un peu. »

Le projet de fresque sur les murs du MPEA de Peyre Plantade et du Centre de Ressources Autisme Languedoc-Roussillon résonne particulièrement pour l’artiste. Ce n’est pas la première fois qu’elle sort ses pinceaux pour un projet en lien avec les enfants qui rencontrent certaines difficultés. Elle a réalisé une fresque avec une classe en dispositif ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) au collège Jeu de Mail à Montpellier. Dans sa vie personnelle, NOON est particulièrement sensibilisée aux troubles du neuro-développement : « Ce projet me parle beaucoup car j’ai un fils qui a un trouble déficitaire de l’attention qui a été diagnostiqué à 20 ans, il est dysgraphique. Du coup j’étais contente d’avoir été sélectionnée en tant qu’artiste pour participer à ce projet. En venant ici, je me rends compte qu’il y a beaucoup d’enfants avec ce genre de troubles. On voit qu’il y a une avancée, il y a quelques années on n’était pas autant pris en charge. ».

La sensibilité de l’artiste à l’enfance est prégnante. NOON n’hésite pas à donner son pinceau à un petit garçon qui, accompagné de sa maman, attend son rendez-vous dans la salle d’attente qui jouxte le chantier et clame avec insistance son ennui. Un pinceau à la main, à côté de l’artiste, l’enfant se concentre et se calme. C’est ce que cherche l’artiste dans la fresque dont elle habille le bâtiment : « J’ai choisi des couleurs douces, pastel. Pour cette fresque-là, il fallait quelque chose de doux pour accueillir les enfants et leurs parents.  Mon travail est assez abstrait, naïf, onirique, du coup je pense que les enfants s’y retrouvent. Là, j’ai voulu créer un jardin où les enfants peuvent imaginer plein de choses. » 

Les premiers traits de pinceau de l’artiste marquent le coup d’envoi d’un plus vaste projet qui devrait voir le jour en début d’année 2024 si, d’ici là, le projet parvient à trouver un financement de 20 000 euros. Depuis deux ans, Mmes Boudou et Costeau, deux cadres de santé du MPEA à la volonté et la motivation sans faille ont pensé et initié le projet « Peyre Plantade district ».  Elles ont imaginé un projet artistique original, invitant une dizaine d’artistes de street art montpelliérains à venir peindre les murs et les façades du bâtiment. L’idée étant de faire du lieu « un quartier », les couloirs devenant des rues, et les murs des façades. Au fil des déambulations au sein du service, enfants, familles, soignants partiront à la découverte de cet art qui par essence se veut inclusif de toutes les singularités. Il s’agit d’améliorer l’esthétique d’un bâtiment vétuste, de rendre l’art accessible aux patients et de diminuer l’anxiété liée aux soins des enfants et adolescents reçus dans les services.  Grâce à la ténacité des deux cadres de santé, le projet a obtenu un financement du dispositif « Les pièces jaunes » soumis à la condition d’un co-financement. On espère grandement pour le bien-être des petits patients du MPEA que la deuxième partie du financement sera trouvée d’ici la fin de l’année afin que ce beau projet puisse voir le jour.